Qanat : sur la politique et la poétique de l'eau__Francesca Masoero, Jérôme Giller, Anna Raimondo et Heidi Vogels.

Autrefois connue sous le nom de " ville jardin", Marrakech s'est distinguée dès son origine par ses cultures aquatiques et son ingénierie hydraulique. Son système de qanats (ou khettaras), une technologie qui s'est développée depuis le Xe siècle de la Perse à la Sicile, du Maroc à l'Andalousie, de l'Inde au Chili, n'a pas seulement alimentée une ville semi-désertique de manière durable en eaux souterraines, mais a aussi incarné et façonné un contrat social spécifique fondé sur le partage communautaire et raisonnable d'une ressource rare et essentielle, dans et hors des frontières urbaines. Dans cette session, Francesca Masoero, Anna Raimondo, Heidi Vogels et Jérôme Giller présentent quelques-unes des activités passées et des orientations futures de QANAT, un projet qui, s'appuyant sur l'héritage politique et poétique du système désormais quasi disparu des qanats, vise à créer une plateforme contextuelle et trans-territoriale pour explorer les mémoires passées et les imaginaires collectifs du futur urbain qui sont en rapport avec les éthiques des “communs”.

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Devenir QANAT : s’engager dans la politique, la poétique et l'éthique de l’eau
Conçu par Francesca Masoero

Devenir QANAT est un programme public conçu comme un espace discursif pour élargir et approfondir les questions politiques, éthiques et poétiques soulevées par le travail des artistes présenté dans l’exposition. Le programme adopte une approche multidisciplinaire en faisant dialoguer des chercheurs, des artistes et des activistes. Il veut faire émerger des récits, des mémoires et des visions multiples autour des dispositifs du passé et les configurations actuelles qui touchent à la question de l’eau : sa présence ou son absence, sa distribution, son (non) partage et les conséquences sociales, écologiques, culturelles et politiques dans les différentes géographies en Afrique du Nord, en Méditerranée et au Moyen Orient.
Plus précisément, le programme explore l’histoire de différents mouvements et contre-mouvements et les pratiques de résistance qui ont émergé au Maroc autour de la question de l’eau et les processus d’enfermement des espaces (physiques et épistémiques) du commun.

Vivant à Bruxelles, Jérôme Giller travaille sur les territoires et les territorialités urbaines et péri-urbaines.
Il utilise la marche à pied et le corps comme méthodes et outils de création et comme unités de mesure des espaces géographiques. Sa pratique se fait en incluant les publics dans le processus de création, de réalisation et de production de ces gestes et actions artistiques.

Heidi Vogels est artiste, cinéaste et curatrice. Elle vit à Amsterdam. Son travail poétique, mélange le cinéma, la photographie et l'événementiel. Elle explore les interstices des différentes couches du visible, de la nature et de la culture, du temps et du lieu dans des contextes locaux différents : à Amsterdam et Fès et l’oasis de Tighmert au Maroc.

Anna Raimondo est une artiste vivant à Bruxelles. Son travail explore les différentes et les multiples identités des genres afin de briser les barrières entre elles. Véhiculée par la performance, la vidéo, l'art sonore ou la création radiophonique, à travers des sonorités ludiques et humoristiques, l'œuvre de Raimondo est un voyage qui évoque et célèbre la diversité sociale en créant des espaces possibles d'interaction.

Francesca Masoero est chercheuse indépendante, curatrice à LE 18 (Marrakech), et initiatrice du programme Qanat. Forte d’une formation critique en théorie politique et économique, elle s’appuie sur  la recherche interdisciplinaire, les méthodologies curatoriales et les pratiques artistiques collaboratives et socialement engagées, pour étudier leur rôle comme formes de résistance et comme forces de transformation.