“I sat in the dark and thought: there’s no big apocalypse. Just an endless procession of little ones.”  
Neil Gaiman, Signal to Noise

L'idée de l’apocalypse a toujours été un fantasme humain et une incarnation de l'angoisse de la mort qui modèle la manière dont nous vivons le présent et envisageons le future.

Comment pouvons-nous gérer l’angoisse de notre propre extinction collective ?

A travers la religion, l’art, et la science, l'idée de la fin des temps a toujours été suspendue au-dessus de  notre réalité, en y traçant des ombres. Nous avons créé plusieurs scénarios pour l’externaliser, pour nous distancier, et pour garder l’illusion de contrôle sur le flux de la vie. Les années 2000 ont été vécues comme une période où la fin de l'humanité semblait désormais possible, cristallisant ainsi  nos peurs face à l'hégémonie d’un système économique capitaliste qui écrase l’individu ; aux catastrophes environnementales qui menacent notre existence et celle d’autres formes de vie ; au monde virtuel dont la rapidité de son hyper-technologization devient de plus en plus difficile à suivre ; aux fragmentations sociales et politiques qui révèlent de la crise éthique profonde à laquelle nos sociétés sont confrontées.

Et si la fin de tout cela était la solution ? Et si nos imaginaires sur la fin du monde étaient enfin un premier pas vers un futur plus lumineux ?

Of Fading Bodies and Spaces: Anxieties of Apocalypses est une mini-exposition en ligne conçue par Rim Mejdi dans le cadre de Qanat Cura, qui met en avant le travail de trois artistes marocains émergents, Nabil Merrouch, Fatima Matousse, et Hicham Elladdaqi. Tous nés pendant les années 80s, et ayant ainsi vécu les suites de la chute des idéologies et les prémisses du nihilisme dans la société marocaine, leurs films/installations nous permettent de découvrir la manière dont ils explorent la notion d’angoisse existentielle en relation avec différents scénarios de la fin des temps, articulée à travers des paradigmes et des récits politiques, sociales ou encore poétiques.

En temps de confinement et de crise sanitaire planétaire, leurs angoisses comme leurs fantasmes sont tout à fait pertinents pour sublimer le pouvoir que la mort a sur nous, par le biais de tentatives artistiques. 

Cura par Rim Mejdi