Exposition collective : Karim Chater "Style Beldi" - Doha Moustaquim - Hamza Lafrouji "Psycho Moustache" - Younes Jourrane
Le régime du visible à l’ère digitale transforme de manière significative le photographique qui, de par son histoire a su se faire à la fois expression de regards subjectifs, terrain d’expérimentation visuelle, technique de représentation, outil de témoignage et de diffusion, arme de propagande et de manipulation. Exacerbé par Instagram, ce régime semble être marqué par un aplanissement des sphères, des rôles et des réseaux jadis distincts dans la production des images. intranquille et compulsif, ce même régime propose dans un flux ininterrompu, une multitude de visions esthétiques, politiques et culturelles offertes brutes au regard, dont on ne sait dire si sa sensibilité s’accommode de ces nouveaux langages. Enfin, ce régime de l’image dite ‘sociale’ constitue le terreau d’une redéfinition des individualités créatives et la mutation des sociabilités numériques sous la commande des lois invisibles des algorithmes et du commerce des données. Face aux transformations à l’œuvre de ce tout-image, c’est le devenir même de la vision soumise à une overdose de ses objets qui est en jeu. À l’érosion apparente des frontières entre l’intime et le public, le politique et le personnel, la fiction et la réalité, le fond et la forme, le message et le médium, nous avons donné le nom de ‘burnout’, et en avons fait l’idée directrice de DABAPHOTO 5.
Pour ce faire nous nous intéressons — Aux pratiques de déplacement/délocalisation du travail photographique du sujet humain vers les appareils digitaux préformatés, en questionnant la marge critique et créative laissées respectivement au regardeur et au faiseur d’image. — À la nouvelle économie des images et au rôle politique du signe, à l’ère du tout-branding, du storytelling à profusion sous la houlette du marché de la donnée. — Au devenir du corps, entre mode, corps augmenté et corps interface et autre figuration de substitution. — Aux invariants de la représentation où se rejouent les batailles de la visibilité, la réinvention des identités collectives, l’activisme, la recherche esthétique pure.
Loin de la temporalité d’Instagram, DABAPHOTO invite une sélection de pratiques développées au travers ou aux antipodes de la grille d’instagram, mais aussi des pratiques en miroir de ses quatre axes. L’exposition se présente comme une cadre discursif, le prétexte d’un ralentissement réflexif face à profusion des images dans une temporalité autre—celle du 18, de la médina de Marrakech.
Exposition collective : Karim Chater "Style Beldi" @stylebeldi - Doha Moustaquim @dohamous - Hamza Lafrouji "Psycho Moustache" @psycho.moustache - Younes Jourrane @netsyle1
Installation scénographique Studio212 – @sarah____amrani, @mustapha.azeroual, @louisthomashenderson / Curating : Laila Hida, Yvon Langué
Images © Abdelhak Acim