Un programme conçu par Francesca Masoero et Laila Hida avec les contributions de Amado Alfadni, Abderrazzak Benchaâbane, Oli Bonzanigo, M’barek Bouhchichi, Pau Cata, Jerome Giller, David Goeury, Abdellah Hassak, Mhamed Mahdane, Shayma Nader, Salima Naji, Carlos Perez Marin, Thierry Ruf, Leire Vergara, Heidi Vogels, Quentin Wilbaux.
Un programme conçu par Francesca Masoero et Laila Hida avec les contributions de Amado Alfadni, Abderrazzak Benchaâbane, Oli Bonzanigo, M’barek Bouhchichi, Pau Cata, Jerome Giller, David Goeury, Abdellah Hassak, Mhamed Mahdane, Shayma Nader, Salima Naji, Carlos Perez Marin, Thierry Ruf, Leire Vergara, Heidi Vogels, Quentin Wilbaux.
Élements dans l’oubli
Fondée en 1071, Marrakech s'est distinguée par son génie urbain et ses cultures de l'eau. “Rose parmi les palmiers” et cité-jardin par excellence, classée par l'unesco en tant que patrimoine universel de l'humanité, son patrimoine est néanmoins devenu l'objet d'intenses spéculations immobilières. Dénonçant ce “gâchis urbanistique”, Mohammed el Faïz rappelle que l'avenir de Marrakech dépendra de la manière dont elle réussira à intégrer ses héritages dans une stratégie de développement durable. Il attire aussi l'attention sur son arrière-pays agricole, le Haouz, et sur la chaîne montagneuse qui domine le Haut-atlas. Ici, toute une civilisation de l'eau se trouve menacée par la greffe irréfléchie des modèles Californiens ou de la Provence.*
La création du musée des civilisations de l’eau à marrakech est un signe quant à l’urgence de soulever des questions essentielles sur le lègue historique des techniques et technologies des systèmes traditionnelles d’exploitation de l’eau. Ce constat nous confronte à notre responsabilité en tant qu’individus, citoyens, consommateurs face à notre utilisation de cette denrée tarissable et notre (mé)connaissance des enjeux socio-culturels, économiques, politiques de l’eau.
Réactiver la memoire de l’eau : entre reflexion socio-historique, formalisation artistique, démarche muséologique et expérimentation spatio-sensorielle
La complicité et la dépendance géo-historique qui lie la ville de Marrakech à l’eau a été le point de départ pour la conception de QANAT, projet curatorial et de recherche pluridisciplinaire initié par le 18 dans le cadre du programme collaboratif KIBRIT. Intégrant un cycle de rencontres avec des performances, une exposition, des recherches sur le terrain et des balades et cartographies participatives, QANAT interroge les espaces de l’eau, ses parcours et ses traces (in)visibles, explorant ses incarnations spatiales, sonores, olfactives et visuelles. Positionné entre les puits profonds des mémoires urbaines, des histoires rurales, des traditions ancestrales, des pratiques contemporaines et des politiques de la modernité, QANAT achemine multiples savoirs et visions autour des politiques et des poétiques de la mémoire de l’eau. Avec l’affluence de regards croisés, le programme est d’une part un parcours thématique qui interroge, dans le temps présent et passé, présence, absence et distribution de l’eau et ses impacts socials, urbanistiques, culturels et politiques. D’autre part, il est un réseau méthodologique qui alterne approches artistiques, recherches socio-scientifiques et initiatives participatives afin de réactiver la mémoire du patrimoine collectif de la civilisation de l’eau dans la région de Marrakech et de contribuer à une compréhension de l’eau comme bien commun essentiel.
* Marrakech Patrimoine en Péril. Mohamed El Faiz. Actes Sud. 2002