"Ces chants, uniques en leur genre, risquent dans un avenir très proche de n'être plus qu'un vague souvenir si des mesures ne sont pas prises à temps pour les préserver de l'oubli." C'est l'alerte générale lancée par Ahmed Bouanani dès 1966 lorsqu'il publie ces mots dans "Introduction à la Poésie Populaire Marocaine". Pourtant, pendant plusieurs décennies, ni ses mises en garde, ni ses expérimentations, ni les archives audiovisuelles des arts oraux populaires qu'il a rassemblées pour l’INATT n'ont été prises au sérieux. Après plusieurs décennies, la tâche qui nous attend apparaît aussi colossale qu'elle l'était pour Bouanani et ses pairs. Elle va de la nécessité urgente d'archiver les formes d'art oral qui persistent dans toute la région par des moyens audiovisuels, à la remise en question des discours qui les relèguent au statut de “folklore”, et cela en poussant la réflexion pour laisser apparaitre de nouvelles orientations artistiques ancrées dans la culture indigène nord-africaine. Dans cette présentation, Nadir Bouhmouch et Soumeya Ait Ahmed discuteront les objectifs qui animent le programme AWAL, décriront la trajectoire que ce cycle a pris après un an d’activités et aborderont les aspirations et les défis à venir. 

Au centre de cette présentation se trouve TIMGHI, la plus récente initiative d’AWAL. Aujourd’hui Timghi se présente au public comme une restitution de deux mois d’ateliers, de recherches et de travaux de terrain, menés par et avec des jeunes artistes ainsi que des étudiants en cinéma et en sociologie. L’initiative était axée sur l'archivage audiovisuel des arts oraux comme base d’inspiration pour construire et expérimenter suivant différentes approches. AWAL cherche à ouvrir le débat afin d'engager le grand public à contribuer à la réalisation et à la réflexion d'une archive audiovisuelle des arts oraux populaires.